Aide au séjour, accompagnement pour l’obtention et le renouvellement de titres, soutien financier… Depuis plus de dix ans, un collectif de bénévoles aujourd’hui bien structuré épaule les étudiants internationaux dans les méandres de l’administration française. Entre multiplication des appels à l’aide et difficultés croissantes dans la prise en compte des situations, rencontre avec deux des animateurs de cette cellule de veille et d’alerte.
« Parfois, on est à la limite de la situation humanitaire », raconte Michel Koebel. Pendant le premier confinement, l’enseignant-chercheur en sociologie du sport, jamais avare de son temps pour aider les autres (comme tous les membres de la cellule), se souvient avoir ramené « des sacs de courses à une jeune Tchadienne menacée d’expulsion et craignant d’être porteuse du Covid, enfermée dans sa chambre universitaire sans nourriture ».
Des situations où des vies sont en danger, parfois de façon plus insidieuse, les bénévoles de la cellule de veille et d’alerte en rencontrent régulièrement : « Certains ne peuvent simplement pas rentrer dans leur pays, car ils y sont en danger, relate Pascal Maillard, enseignant en lettres. Ils se retrouvent pourtant menacés d’expulsion de France », parce qu’ils ne sont pas porteurs des bons papiers. L’accompagnement des étudiants internationaux dans leurs démarches administratives prend alors tout son sens : aide à l’obtention et au renouvellement de titres de séjour, accompagnement des dossiers de demandes d’asile et de naturalisation, mise en lien avec des avocats, soutien en cas de notification d’Obligation de quitter le territoire français (OQTF)... Dans ce dernier cas, il faut agir vite. Mais toujours « avec bienveillance et empathie ».
Structuration progressive
Une OQTF : c’est justement ce qui a tout déclenché à l’Unistra. « En 2011, en plein durcissement des politiques migratoires sous la présidence Sarkozy, une étudiante algérienne est arrêtée dans sa résidence universitaire strasbourgeoise, pour être reconduite à la frontière », se souvient Pascal Maillard. Vent debout contre ces méthodes, organisations syndicales, élus, services de l’université et gouvernance s’allient dans un consensus rare : la cellule d’aide voit le jour en 2012.